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❰ Livre II – épisode 22 ❱
| Couloir du château, jour. Arthur marche dans un couloir du château. | |
| Bohort | (Arrive en courant et en criant.) Sire, Sire, Sire ! Une missive de la plus haute importance ! Ça vient de Rome ! |
| Arthur | (Fait signe à Bohort de s'approcher tout près pour entendre un secret.) |
| Bohort | (S'approche.) |
| Arthur | (Hurlant dans l'oreille de Bohort.) Merci ! |
| (Ouverture.) |
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| Salle de la Table ronde, jour. Arthur et le père Blaise sont à la Table ronde, Arthur lit une lettre. | |
| Arthur | Mais merde à la fin ! Qu'est-ce qui lui prend, au pape, de me prendre de haut, comme ça ? |
| Le père Blaise | Sire, tous les autres royaumes ont déjà une cathédrale ! |
| Arthur | Mais on a cinq minutes, non ? Enfin alors, qu'est-ce que ça veut dire, ça, (lisant) « Le Royaume de Bretagne sera considéré comme terre barbare jusqu'à ce qu'Arthur ait entamé les travaux d'une grande cathédrale. » Mais enfin il se prend pour qui, de me parler comme ça ? |
| Le père Blaise | Pour le pape ! |
| Arthur | (Méprisant.) Le « pape »... |
| Le père Blaise | Sa Sainteté a peut-être l'impression que vous y mettez de la mauvaise volonté ! |
| Arthur | Peut-être. Il se trouve que j'ai autre chose à foutre que de faire construire des baraques de quatre cents piedspied (n.m.) Ancienne unité de longueur valant, en équivalent moderne, 32,660 centimètres En savoir plus de haut qui vont me coûter la peau des fesses ! |
| Le père Blaise | Oui bah en attendant, on n'a pas le choix ! On va pas devenir une terre barbare, non ? |
| Arthur | (Hausse les épaules.) |
| Le père Blaise | Et puis... en plus, le problème, c'est que les bâtisseurs de cathédrales, ça court pas la campagne ! Sur ce coup-là, il nous faut un sacré spécialiste... |
| Arthur | « Sacré spécialiste »... le premier trouduc qui sait mettre trois pierres les unes sur les autres, ça ira bien... |
| Salle de la Table ronde, jour. Arthur, le père Blaise et Venec sont à la Table ronde. | |
| Venec | Non mais si vous voulez de la pierre, c'est pas le problème hein, moi je vous mets de la pierre ! Par contre, je préfère vous prévenir : c'est pas le même budget... |
| Le père Blaise | Mais enfin, on construit plus les édifices religieux en bois ! Et puis surtout pour un machin de cette taille... |
| Venec | Non mais je vous dis, c'est comme vous voulez. Par contre c'est con... moi par exemple, je suis en affaires avec un pote germain qui tient une scierie, bah là c'est sûr, si on part sur du sapin, moi je vous tireJeu de mots, volontaire ou non, de la part de Venec : on « tire le tarot » pour prédire l'avenir, mais ici c'est bien du « taro » (tarif) qu'il s'agit. un taro aux oignons hein ! |
| Arthur | (Soupire.) |
| Le père Blaise | Sire ? Tout va bien ? |
| Arthur | Ouais ouais, ouais... dites donc Venec, vous en avez déjà construit combien des cathédrales ? |
| Venec | (Fier.) Bah... disons que je me lance, quoi... |
| Arthur | Ah ouais. Parce que... moi le dernière fois que je vous ai vu, vous faisiez quand même dans le commerce d'esclaves... |
| Venec | Ah mais je fais toujours, esclaves. J'ai un dépôt-vente sur la côte. Mais c'est complémentaire avec les cathédrales. Si j'ai un coup de bourre sur le chantier, je renforce mon équipe avec du Chinetoquechinetoque (n.m.) Chinois (individu) En savoir plus ou du Boucaqueboucaque (n.m.) Terme raciste générique désignant tout individu dont la peau est foncée En savoir plus, enfin selon ce que j'ai en stock sur le moment, et comme ça je suis jamais pris de court ! |
| Le père Blaise | Et les cathédrales en ce moment, ça tourne bien ? |
| Venec | Oh bah, je veux !« je veux ! » (loc.) Oui, bien sûr ; évidemment En savoir plus Tout le monde se fait bourrer le mou par les curetons, comme quoi si on n'a pas sa cathédrale, on n'est même pas civilisé ! |
| Le père Blaise | (Vexé.) C'est un peu plus compliqué que ça... |
| Arthur | Euh non, pas tellement ! Vous voulez relire la lettre de l'autre, là ? |
| Le père Blaise | Non. |
| Venec | Dites, on continue sur les détails où on règle la question du pognon tout de suite ? |
| Salle de la Table ronde, jour. Arthur, le père Blaise et Venec sont à la Table ronde. | |
| Venec | Non mais je vais pas vous jouer de la flûte hein, pour tout ce qui est questions techniques, faut voir ça avec mon architecte égyptien. |
| Le père Blaise | Votre architecte égyptien ? |
| Venec | Un vrai phénomène ! Il m'a coûté bonbon ! Je l'ai échangé contre trois gladiateurs à la foire de Glastonbury. |
| Arthur | Bon mais alors à part le pognon, qu'est-ce qu'on doit voir avec vous exactement ? |
| Venec | Ben, tout ce qui est niveau de prestations, finitions, déco... |
| Le père Blaise | (Circonspect, à Arthur.) Niveau de prestations ? |
| Venec | Bah ouais, si vous voulez que ça ait de la gueule, faut définir un style, une ambiance... bon, par exemple, on peut faire genre sobre, avec des teintes unies, pierres apparentes... ou alors, on donne dans le plus chaud, tentures colorées, statues de gonzessesgonzesse (n.f.) Femme ou jeune femme En savoir plus à poil... |
| Le père Blaise | Sire ! |
| Venec | Bah quoi ? |
| (Arthur et le père Blaise ne répondent rien.) |
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| Venec | Ouais... vous êtes pas emballés. |
| Arthur | Par quoi ? La pyramide en sapin aménagée en maison de passe ? C'est surtout le pape qui risque de pas être emballé... |
| (Fermeture.) |
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| Salle de la Table ronde, jour. Arthur, le père Blaise et Venec sont à la Table ronde. | |
| Venec | Non mais hé... deux-trois sacs de bijoux sous la table et boum ! Il vous pétera plus les bonbons« péter les bonbons » (loc.) Importuner, agacer, exaspérer quelqu’un En savoir plus votre pape. |
| Le père Blaise | C'est vrai qu'on dit qu'il est pas insensible aux petits cadeaux, hein... |
| Arthur | C'est sûr, ce serait un moyen de contourner le problème... seulement pour ça faut du cash... |
| Le père Blaise | Ouais, et niveau liquidités... on a connu meilleur. |
| Venec | (Réfléchit.) |
| (Noir.) |
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| Venec | Je vous ai déjà dit que je prête du pognon à des taux vraiment pas dégueulasses ? |
| (Stab final.) |
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