| Chambre de Léodagan, matin. Léodagan et Séli sont au lit. | 
    
    
    
	
    
    
    | Séli | « Bilan »... qu'est-ce que ça veut dire ça, « bilan » ?  | 
    
    
    
	
    
    
    | Léodagan | Oh, mais ça veut dire ce que ça veut dire, on va faire le point sur ce qu'ils ont foutu en garnison et puis comment ils se sont démerdés, voilà !  | 
    
    
    
	
    
    
    | Séli | Hé ben... encore une fois on va pas être mis à l'honneur, hein...  | 
    
    
    
	
    
    
    | Léodagan | Et pourquoi pas ? Ah ben dans l'intitulé, y a pas de quoi rougir ! « Les chevaliers Yvain et Gauvain ont réussi leur mission de surveillance en poste avancé. » Voilà.  | 
    
    
    
	
    
    
    | Séli | « Ils ont réussi », y a pas eu de tentative d'invasion ! Parce que j'aime autant vous dire que si y en avait eu...  | 
    
    
    
	
    
    
    | Léodagan | Oui bah y en a pas eu ! Donc d'un point de vue militaire la mission est un succès, point barre.  | 
    
    
    
	
    
    
    | Séli | Ben peut-être, mais d'un point de vue personnel...  | 
    
    
    
	
    
    
    | Léodagan | Oh bah alors, d'un point de vue personnel, moi j'étais sûr qu'ils reviendraient crevés. Ils sont vivants. C'est un succès ! Mieux : une surprise.  | 
    
    
    
	
    
    
    | Séli | (Se lève, agacée.)  | 
    
    
    
	
    
    
    
    | (Ouverture.)  | 
    
    
    
    | Salle de la Table ronde, jour. Arthur est à la Table ronde, face à Léodagan, Séli, Yvain et Gauvain. | 
    
    
    
	
    
    
    | Léodagan | C'est vrai, qu'est-ce que y a tant à dire, finalement ? Ils ont réussi leur mission, point. Merci mon chien.  | 
    
    
    
	
    
    
    | Séli | Il faut leur trouver leur mission d'après ! Je vois pas ce qu'on glande à faire des bilans, là...  | 
    
    
    
	
    
    
    | Arthur | Bah... ouais enfin, quand même, quand on dit « Ils ont réussi leur mission »...  | 
    
    
    
	
    
    
    | Yvain | (Crâneur.) Hé ouais ! Mission accomplie. (À Gauvain.) Le petit chien est sur la pente fatale...  | 
    
    
    
	
    
    
    | Arthur | De quoi ?  | 
    
    
    
	
    
    
    | Yvain | Ouais. C'est du code.  | 
    
    
    
	
    
    
    | Gauvain | Un code que nous avons mis au point pendant notre séjour en garnison.  | 
    
    
    
	
    
    
    | Léodagan | Et qu'est-ce que ça veut dire, euh... « Le petit chien »... machin truc ?  | 
    
    
    
	
    
    
    | Yvain | Ben... mission accomplie.  | 
    
    
    
	
    
    
    | Arthur | Ouais enfin, moi je veux bien, « mission accomplie », mais si y a pas d'attaque, comment est-ce que je fais pour mesurer votre efficacité ?  | 
    
    
    
	
    
    
    | Léodagan | Hé ben... vous avez qu'à les renvoyer là-bas ! Et puis on les attaque, nous.  | 
    
    
    
	
    
    
    | Gauvain | Oh non mon oncle, vous allez pas nous renvoyer là-bas !  | 
    
    
    
	
    
    
    | Yvain | Ouais non en plus, c'est... c'est hyper loin, c'est trop pourri...  | 
    
    
    
	
    
    
    | Arthur | Non mais... je vous mets ailleurs si vous voulez, mais en surveillance de quelque chose ! Je suis désolé, je vous confie pas de troupes, c'est trop risqué.  | 
    
    
    
	
    
    
    | Gauvain | Et où voulez-vous nous affecter, mon oncle ?  | 
    
    
    
	
    
    
    | Yvain | Mmh, où ça ? Un truc qui pète un peu ? Où y a de l'action ? Ouais ? Wouh !  | 
    
    
    
	
    
    
    | Gauvain | Wouh !  | 
    
    
    
	
    
    
    
    | (Yvain et Gauvain entament une série de mouvements chorégraphiés étranges en faisant des grimaces.)  | 
    
    
    
    | Grande porte du château, jour. Yvain et Gauvain montent la garde, chacun d'un côté de la porte. | 
    
    
    
	
    
    
    | Gauvain | Dites...  | 
    
    
    
	
    
    
    | Yvain | Non non non non non.  | 
    
    
    
	
    
    
    | Gauvain | Juste une chose.  | 
    
    
    
	
    
    
    | Yvain | Non non mais non, on va se faire tuer.  | 
    
    
    
	
    
    
    | Gauvain | L'endroit est désert, personne ne nous entend...  | 
    
    
    
	
    
    
    | Yvain | Bon ben... quoi, qu'est-ce qu'il y a ?  | 
    
    
    
	
    
    
    | Gauvain | Pensez-vous que nous occupions un poste de prestige ?  | 
    
    
    
	
    
    
    | Yvain | Où ça, à la Table ronde ?  | 
    
    
    
	
    
    
    | Gauvain | Non, ici.  | 
    
    
    
	
    
    
    | Yvain | Bah, c'est un peu ce que je me demandais, en fait. Parce que... honnêtement à la Table ronde, je pense ouais.  | 
    
    
    
	
    
    
    | Gauvain | Oui, ça me semble probable, mais... quid de cette nouvelle affectation ?  | 
    
    
    
	
    
    
    | Yvain | Bah d'un côté, euh... on nous voit quand même vachement bien... euh, mettons que y ait des visiteurs, c'est quand même sur nous qu'ils tombent en premier.  | 
    
    
    
	
    
    
    | Gauvain | Oui mais d'un autre côté, en cas d'invasion, le poste est mal placé !  | 
    
    
    
	
    
    
    | Yvain | Pourquoi ?  | 
    
    
    
	
    
    
    | Gauvain | Hé bien parce qu'il me semble que nous serions dangereusement exposés !  | 
    
    
    
	
    
    
    | Yvain | Ah oui non non mais si y a une invasion on rentre...  | 
    
    
    
	
    
    
    | Gauvain | Oui mais ne faut-il pas dire une phrase pour quitter notre poste ?  | 
    
    
    
	
    
    
    | Yvain | Bah si, c'est euh... « Halte... », euh... « Halte au grabuge. »  | 
    
    
    
	
    
    
    | Gauvain | (Après réflexion.) Non...  | 
    
    
    
	
    
    
    | Yvain | Non. Non non. C'est « Halte... »  | 
    
    
    
	
    
    
    | Gauvain | « Halte, qui... »  | 
    
    
    
	
    
    
    | Yvain | « Halte, quel que soit votre âge. »  | 
    
    
    
	
    
    
    | Gauvain | Ah peste ! Pas moyen de m'en souvenir ! Non c'est... non, c'est une phrase qui interdit aux gens d'entrer.  | 
    
    
    
	
    
    
    | Yvain | Hé ben... hé ben « Halte au grabuge » euh... ça marche. Ou alors euh... « Halte, nom d'un chien. »  | 
    
    
    
	
    
    
    | Gauvain | (Semble assez convaincu.)  | 
    
    
    
	
    
    
    
    | (Fermeture.)  | 
    
    
    
    | Grande porte du château, jour. Yvain et Gauvain montent la garde, chacun d'un côté de la porte. Un homme quitte le château en passant par la porte. | 
    
    
    
	
    
    
    | Gauvain | Halte ! Veuillez rester distant.  | 
    
    
    
	
    
    
    | Yvain | Halte ! Disposez moussaillon !  | 
    
    
    
	
    
    
    | Gauvain | Halte au passage.  | 
    
    
    
	
    
    
    | Yvain | Ouais non, attendez, moi j'en ai marre, je pige plus rien...  | 
    
    
    
	
    
    
    | Gauvain | Non mais si, c'est ça !  | 
    
    
    
	
    
    
    | Yvain | (Agacé, désignant l'homme.) Non mais il sort lui, super ! Ah non mais c'est bon, on est livrés à nous-mêmes, on n'a aucune explication, génial quoi...  | 
    
    
    
	
    
    
    | Gauvain | Bah je suis désolé mais on nous a dit de stopper tous ceux qui essaient d'approcher la porte...  | 
    
    
    
	
    
    
    | Yvain | Ouais non non, ben non mais ça m'énerve, lui il s'éloigne avant qu'on lui dise des trucs... super, ça m'énerve trop...  | 
    
    
    
	
    
    
    | Gauvain | Bon ben... non mais c'est bon c'est bon. (À l'homme, d'une voix sévère.) Bon allez-y sacripant ! Et à votre retour, n'escomptez pas approcher la porte à votre convenance !  | 
    
    
    
	
    
    
    
    | (L'homme s'en va.)  | 
    
    
    
	
    
    
    | Gauvain | (À Yvain.) Ça va ?  | 
    
    
    
	
    
    
    | Yvain | Ouais ouais, non excusez-moi...  | 
    
    
    
	
    
    
    
    | (Noir.)  | 
    
    
    
	
    
    
    | Yvain | C'est bon, je suis trop gavé...  | 
    
    
    
	
    
    
    
    | (Stab final.)  |