| Forêt, jour. Arthur, Lancelot, Léodagan et Calogrenant sont en forêt, entourés de soldats. |
| Arthur |
Hé ben, mais qu'est-ce que c'est que ces tronches que vous tirez ? |
| Lancelot |
On a gagné, bon sang, c'est pourtant pas si souvent ! |
| Calogrenant |
(Donne un morceau de papier à Arthur.) On a intercepté un messager, Sire, et... |
| Léodagan |
Ouais, mais je vous préviens, (fait un signe de tête en direction du morceau de papier) ça va vous faire un choc. |
| Arthur |
(Lit le morceau de papier.) C'est pas vrai... |
| Lancelot |
Un problème, Sire ? |
| Arthur |
Perceval est mort... |
| Lancelot |
Quoi ? (Lit le message.) |
| Arthur |
(À Léodagan et Calogrenant.) Vous êtes sûrs que c'est pas du flan ? |
| Calogrenant |
Bah vous voyez, c'est son nom qui est écrit... |
| Léodagan |
Et justement, il était chez son oncle... non, y a pas de doute possible... |
| Arthur |
(Abasourdi.) Putain... il est mort, ce con-là... |
| Cuisines, nuit. Arthur arrive aux cuisines, où se trouvent déjà Léodagan et Karadoc. Un gros sandwich est posé devant Karadoc. |
| Arthur |
Vous non plus, vous arrivez pas à dormir ? |
| Léodagan |
Je suis pas dans mon assiette... |
| Karadoc |
Je me suis dit : « Mange un quignon de pain. » Ça passe pas. |
| Léodagan |
Y a pas à dire, ça fait quand même quelque chose... |
| Arthur |
Hé ben moi, alors bon, vous allez peut-être dire que hein, je deviens louflouf (adj.) Fou
En savoir plus, mais j'ai l'impression qu'il me parle. |
| Karadoc |
(Passe son bras autour des épaules d'Arthur.) Non, moi aussi ça me le fait. |
| Léodagan |
Ah non, moi non... |
| Arthur |
Alors au début je croyais que c'était un rêve, et ben non, même réveillé, assis sur le plumardplumard (n.m.) Lit
En savoir plus, tout, hé ben j'entends des trucs. |
| Léodagan |
Mais quoi, comme trucs ? |
| Arthur |
Je sais pas, comme des conseils qu'il me donnerait, quoi. |
| Karadoc |
Moi pareil. |
| Léodagan |
Des conseils comment ? |
| Karadoc |
Ben... c'est lui qui m'a dit de venir ici, par exemple. |
| Léodagan |
De venir où ? À la cuisine ? |
| Karadoc |
Ouais, c'est comme si j'entendais sa voix. |
| Arthur |
Non mais moi c'est mieux que ça quand même. C'est comme si il m'encourageait à repenser certaines choses. Voyez ? La Table ronde, tout ça, comme si je m'étais trompé, quelque part. |
| Léodagan |
Il la fallait pas ronde, finalement ? |
| Arthur |
Il faut sans arrêt corriger les choses. Ne jamais se reposer sur ses acquis, voilà c'est ça que j'ai l'impression que... |
| Léodagan |
Il vous dit vraiment ça ? |
| Arthur |
Non mais... c'est moi qui ressens ça, je vous dis que c'est flou ! |
| Karadoc |
En tout cas il est là, il nous parle. |
| Léodagan |
Bah... il me parle pas, à moi... peut-être qu'il se dit que je vais l'envoyer chier... |
| Arthur |
(Prend le sandwich de Karadoc et mord dedans.) |
| Coin du feu, nuit. Arthur et Lancelot sont assis devant la cheminée. |
| Arthur |
On va reprendre les choses en main, Seigneur Lancelot. |
| Lancelot |
C'est-à-dire, Sire ? |
| Arthur |
Je crois que j'ai eu une petite baisse de foi, ces derniers temps. Vous savez, le Graal, y a des jours euh... il me paraît tellement loin... |
| Lancelot |
Qu'est-ce que vous comptez faire, Sire ? |
| Arthur |
Perceval me parle. Croyez-le ou non, c'est comme ça. Si lui a pu me redonner la foi, je dois pouvoir la redonner aux autres. |
| Lancelot |
Et si notre cœur n'était pas assez pur ? Si nous n'étions pas dignes de convoiter le Saint Graal ? |
| Arthur |
Je sais que nous sommes de taille. |
| Lancelot |
Comment pouvez-vous en être aussi sûr ? |
| Arthur |
Perceval me le dit. |
| (Fermeture.) |
| Banc sous l'arbre, jour. Arthur, Yvain et Gauvain sont assis sous un arbre. |
| Arthur |
Et c'est pour ça que le Graal n'est pas une simple coupe. Vous comprenez ? |
| Gauvain |
Oui mon oncle. |
| Yvain |
C'est magnifique. |
| Perceval |
(Arrive, portant des sacoches.) Sire ! |
| Arthur |
Ah la vache, non seulement je l'entends, mais je le vois, maintenant ! |
| Perceval |
C'est moi ! |
| Arthur |
Mais... mais vous êtes pas mort, espèce de connard ? |
| Perceval |
Non mais comme j'étais hyper malade, j'ai dit à mon oncle : « Écrivez-leur que je suis mort, ça sera fait. » Et finalement j'ai gerbé gerbé gerbé, et... là ça va mieux. |
| (Noir.) |
| Arthur |
Oubliez ce que je vous ai dit, le Graal c'est de la merde. |
| (Stab final.) |