Sept Cent Quarante-Quatre
❰ Livre II – épisode 18 ❱
| Taverne, jour. Perceval, Karadoc et le tavernier sont à la taverne. | |
| Perceval | C'est bien, y a un peu de clientèle, ce soir. |
| Le tavernier | Oh, pas bien plus que d'habitude... |
| Perceval | Quand même, ils sont onze ! J'ai calculé, sur les treize dernières années, dans les deux heures qui précèdent le coucher du soleil, vous avez une moyenne de huit quatre cent vingt-deux. |
| Le tavernier | (Regarde Perceval et Karadoc, perplexe.) |
| Karadoc | (Sourit fièrement.) Il est fort, le salaud. |
| (Ouverture.) |
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| Camp militaire, jour. Arthur, Lancelot et Perceval sont dans un campement dans la forêt et étudient une carte. | |
| Lancelot | C'est tellement simple, ce qu'on vous demande... |
| Arthur | Juste... est-ce que vous pouvez amener vos hommes ici ? (Montre un point de la carte.) |
| Perceval | Mais moi je veux bien les amener où vous voulez ! Il suffit de me dire où ! |
| Arthur | Qu'est-ce que je suis en train de faire avec mon doigt, là ? |
| Perceval | Non non mais en vrai, pas sur la carte ! Je comprends rien aux cartes. |
| Lancelot | Ah non mais c'est pas vrai ! Vous le faites exprès ! |
| Arthur | (Montre la carte.) Vous reconnaissez bien la rivière, là. |
| Perceval | Où ? |
| Arthur | (Agacé.) Le long machin bleu au milieu. |
| Perceval | C'est la rivière, ça ? |
| Lancelot | Mais qu'est-ce que vous voulez que ce soit ? |
| Perceval | De toute façon, on est cent douze et les autres d'en face, ils sont sept cent quarante-quatre ! Si vous nous envoyez à la rivière, on va se faire fumer ! |
| Lancelot | Sept cent quarante-quatre ? |
| Arthur | Enfin... les espions ont dit : « Entre cinq et six cents hommes » ! |
| Perceval | Bah ils sont sept cent quarante-quatre en comptant les treize du commandement. |
| Lancelot | Mais qu'est-ce que vous en savez ? |
| Perceval | Ben, je les ai bien vus, tout à l'heure, du haut de la colline... |
| Salle de la Table ronde, jour. Arthur, Lancelot, Perceval et Karadoc sont à la Table ronde. | |
| Lancelot | Bon, on vous a préparé un petit test. |
| Arthur | C'est juste pour se rendre compte. |
| Perceval | Se rendre compte de quoi ? |
| Lancelot | Rapport à l'autre fois, quand vous avez compté les ennemis... |
| Arthur | C'est pour voir si vous avez un don ou si vous êtes définitivement un nullos. |
| Perceval | Un don ? |
| Arthur | Bah oui. Parce que si c'est pas du flan« c'est du flan » (loc.) Ce n'est pas sérieux, c'est une plaisanterie. En savoir plus, c'est quand même carrément exceptionnel ! |
| Perceval | C'est exceptionnel de savoir compter ? Attendez vous vous foutez de moi ? |
| Karadoc | (À Perceval.) Je vous ai toujours dit, ce que vous faites avec les chiffres, même moi j'arrive pas à le faire. |
| (Arthur et Lancelot regardent Karadoc en silence.) |
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| Arthur | Bon bref ! On va essayer de se rendre compte. (À Lancelot.) Passez-moi le sac. |
| Lancelot | (Cherche le sac.) Mais, il est plus là ? |
| Perceval | Qu'est-ce que c'est comme sac ? |
| Lancelot | Un sac en toile euh, de... |
| Arthur | Plein-bourré de petits morceaux de pain sec... |
| Karadoc | Ah ! Je les ai bouffés, ces trucs. |
| Lancelot | Quoi ? |
| Karadoc | Des petits croûtons tout vieux, genre pour les lapins ? Ouais, je savais pas ce que c'était. Dans le doute, je les ai bouffés. |
| Lancelot | Mais c'était pour les faire compter à Perceval, espèce de débile ! |
| Karadoc | À vue de pied, y en avait une soixantaine... |
| Arthur | Mais on s'en fout de vos estimations, à vous ! |
| Lancelot | Qu'est-ce qu'on va lui faire compter, maintenant ? Les pierres du château ? |
| Perceval | Seize mille cent trente. |
| Lancelot | Hein ? Pardon ? |
| Perceval | Normalement, ça devrait faire seize mille cent trente-deux, mais il manque une pierre à la tour est, et une autre qui s'est barrée sous une échauguetteéchauguette (n.f.) Petit ouvrage en bois ou en pierre placé aux angles d'un bastion ou d'un château-fort pour en surveiller les abords En savoir plus. |
| Lancelot | Si c'est vrai, c'est stupéfiant... |
| Arthur | Euh ouais, sauf que moi quand j'ai fait construire le château, ils m'en ont facturé vingt-quatre mille cinq cents, des pierres. Alors si c'est vrai, ça veut dire que je me suis fait enflerenfler (v.) Arnaquer, duper, tromper En savoir plus de... |
| Perceval | Huit mille trois cent soixante-dix. |
| (Arthur regarde Perceval, épaté. Perceval et Karadoc acquiescent.) |
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| Salle de la Table ronde, jour. Arthur, Lancelot, Perceval et Karadoc sont à la Table ronde. | |
| Lancelot | Bon. Eh bien nous ferons part de votre particularité à la prochaine réunion de la Table ronde. Y aura peut-être quelqu'un pour exploiter l'idée... |
| Arthur | C'est quand la prochaine réunion ? |
| Lancelot | Dans deux jours. |
| Perceval | Dans deux jours ? Je croyais que c'était après-demain... |
| Lancelot | Oui, après-demain dans deux jours. |
| Perceval | Mais comment vous voulez dire ? |
| Lancelot | Bah après-demain, dans deux jours, c'est pareil ! |
| Perceval | Bah ça dépend à partir de quand ! |
| Arthur | Comment « à partir de quand » ? |
| Perceval | Après-demain à partir d'aujourd'hui ? |
| Arthur | Mais évidemment, pas à partir de demain ! |
| Lancelot | On vous dit « dans deux jours » ! À partir de quand vous les comptez, vous ? |
| Perceval | Ben c'est pour ça, je vous demande ! |
| Karadoc | Non mais quand vous dites « après-demain », c'est... |
| Perceval | Non non non, mais je le dis jamais, moi. |
| Lancelot | Non mais qu'est-ce que vous nous chantez avec vos « après-demain » ? |
| Perceval | De toute façon, les réunions de la Table ronde, c'est deux fois par mois. Donc si le mec il dit « après-demain » à partir de dans deux jours, suivant s'il le dit à la fin du mois, ça reporte ! |
| Arthur | (Après un instant.) Non c'est n'importe quoi. |
| Lancelot | Ouais non je vous avais dit, y avait quand même peu de chances... |
| Arthur | Et pour les pierres du château, c'est du flan« c'est du flan » (loc.) Ce n'est pas sérieux, c'est une plaisanterie. En savoir plus ou pas ? |
| Lancelot | À mon avis non. Mais de toute façon on va pas les compter... |
| (Fermeture.) |
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| Couloir du château, jour. Perceval et Karadoc marchent dans un couloir du château. | |
| Perceval | Moi, tout ce qui est « dates », je m'embourbe. |
| Karadoc | Moi c'est l'inverse. Je sais pas super bien compter, mais les dates, c'est mon rayon. |
| Perceval | Ah ouais ? Putain je sais pas comment vous faites... |
| Karadoc | Par exemple vous prenez aujourd'hui, vous comptez sept jours, ça vous emmène dans une semaine, eh ben on sera exactement le même jour qu'aujourd'hui. |
| Perceval | (Impressionné.) Ah ouais... |
| (Noir.) |
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| Karadoc | À une vache prèsà une vache près (loc.) À peu près, environ. En savoir plus, hein. C'est pas une science exacte ! |
| (Stab final.) |
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