Les Esclaves

Livre II – épisode 88

Banc sous l'arbre, jour. Arthur est assis sur un banc sous un arbre et mange une collation.
Arthur (Saisit son verre.) Je peux avoir un peu de... (Réalise qu'il est seul et se sert lui-même.)
(Ouverture.)
Vers les remparts, jour. Arthur et Bohort marchent près des remparts du château.
Arthur Écoutez Bohort, il faut être un petit peu raisonnable. Des grouillotsgrouillot (n.m.) Subalterne chargé de petites besognes, serviteur, domestique
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on en a tout le tour du ventre« en avoir tout le tour du ventre » (loc.) Disposer d’une chose en grande quantité
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 !
Bohort Sire, je vous en prie ! Je vous rappelle quand même que les serviteurs qui changent les torches sont les mêmes que ceux qui font les chambres ! Et qu'il leur arrive occasionnellement de servir à table !
Arthur Qu'est-ce que ça peut nous foutre à partir du moment où c'est fait !
Bohort Mais Sire, on ne peut pas continuer éternellement à faire n'importe quoi ! Un corps de métier par poste, c'est tout de même un minimum.
Arthur Mais ça nous coûte déjà les yeux de la tête tous ces larbinslarbin (n.m.) Serviteur, domestique
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, on va pas en faire rentrer d'autres !
Bohort Achetons des esclaves. Même si je ne soutiens pas le procédé, il faut bien avouer que l'investissement de départ est vite amorti !
Arthur Moi je trouve que ça fait trop.
Bohort Allons au marché demain, Venec y tient son stand. Peut-être serons-nous tentés par quelque chose ? Et puis ce sera drôlement bien, Sire. Vous et moi, faisant notre petit marché ! (Sourit.)
Arthur (Frissonne d'horreur et s'en va.)
Marché, jour. Arthur, Bohort et Grüdü sont au marché et s'approchent du stand de Venec.
Bohort Alors Sire, vous voyez quelque chose qui vous intéresse ?
Arthur Non mais vous êtes bouché Bohort ou quoi ? Je vous ai dit que j'en avais rien à foutre !
Bohort Mais vous pourriez me dire, un peu !
Venec (Sur une estrade.) Allez, les bouseuxbouseux (n.m.) Paysan
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, là ! On se remue un peu ! Ils sont là les esclaves, ils sont là ! Alors on se bouge le tronc, et on vient les voir ! Allez ! Allez !
Grüdü Déjà pour avancer, il faut savoir si on part sur de la femme, ou du gars.
Bohort Garde du corps, restez à votre place, s'il vous plaît.
Grüdü Faut qu'on se grouillese grouiller (v.) Se dépêcher
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, là ! On est en plein milieu de la foule. Si y en a un qui veut vous mettre un coup de lame il peut arriver de tous les côtés !
Venec (Remarquant Arthur dans la foule.) Oh Sire, c'est vous ?
(Arthur et Bohort font signe à Venec d'être discret et se rapprochent de lui.)
Bohort (Murmurant.) Nous sommes ici incognito !
Venec Ah bon ? Ben qu'est-ce que vous glandez là, au milieu des péguspégu (n.m.) Paysan
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 ?
Bohort On est venu se faire une opinion sur votre marchandise !
Venec Mais je serais venu direct au château avec la camecame (n.f.) Marchandise
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, comme d'habitude ! Qu'est-ce que vous venez vous emmerder, là...
Bohort Nous n'avons pas besoin de vos avis !
Grüdü Allez, vite ! Y a du monde partout, là ! On est trop exposés !
Venec Attendez ! Qu'est-ce qui vous ferait plaisir ?
Arthur Bohort s'est mis en tête d'acheter des esclaves...
Venec Ah bon ? Je croyais que vous étiez un pays moderne, ou je sais pas quoi ? Que soi disant c'était pas votre truc ?
Arthur (À Bohort.) Mais on l'avait pas interdite, la vente d'esclaves, nous ?
Venec Ah si ! C'est toujours en vigueur, d'ailleurs !
Grüdü Mais qu'est-ce qu'il vend celui-là alors ? Je comprends rien...
Venec Moi, officiellement, je suis censé vendre du miel. Comme ça, en cas de contrôle, tac ! Trois étalages de miel en dessous de la boutique, et les esclaves, je les accuse de vol à la tire. Ni vu, ni connu !
Marché, jour. Arthur, Bohort et Grüdü sont au marché, devant le stand de Venec.
Venec (Montrant ses esclaves.) Bon, bah là euh, vous avez du traîne-savatetraîne-savate (n.m.) Bon à rien, fainéant
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standard, hein, ça je le récupère un peu partout où je passe. Parce que, c'est pour quelle utilisation ?
Bohort Surtout pour le service.
Grüdü Et pour la sécu on prend rien ?
Venec Ah mais attendez, parce que pour le service il vous faut du classe un peu... qui sache se tenir un minimum ?
Bohort Ah ben c'est sûr, oui ! N'essayez pas de nous refilerrefiler (v.) Donner
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vos unijambistes ou vos lépreux !
Venec Attendez, ça on en a déjà parlé, celui de l'autre fois il m'avait pas dit qu'il était unijambiste !
Arthur Bon, on peut choisir et se barrerse barrer (v.) Partir, s'en aller
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, j'en ai plein le dos !
Grüdü Ouais, et puis c'est hyper dangereux ici.
Venec (Montrant un esclave.) Bon euh, ça, ça me reste d'un stock d'hiver de l'année passée, c'est ma dernière pièce.
Bohort Qu'est-ce vous en pensez, Sire ?
Arthur Je m'en fous.
Bohort S'il est pas malade, on prend !
Venec Ah oui mais pas malade... moi du pas malade, euh... déjà, j'en ai pas, et puis attention, c'est pas le même budget !
(Fermeture.)
Marché, jour. Arthur, Bohort et Grüdü sont au marché avec l'esclave qu'ils viennent d'acheter.
Bohort Vous verrez Sire, vous ne regretterez pas cet achat !
Grüdü On aurait quand même pu prendre deux-trois gars pour mes renforts. Parce qu'en cas de coup dur, moi je suis tout seul à la sécu !
Arthur Bon on peut se barrerse barrer (v.) Partir, s'en aller
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maintenant, j'en ai ma claque !
(Un voleur fond sur eux et s'enfuit avec l'esclave.)
Bohort Mon Dieu, Sire, un vol à l'arrachée ! Grüdü ! Faites quelque chose !
Grüdü Ah non non, moi je quitte pas le périmètre !
Bohort Oh non...
(Noir.)
Bohort Un esclave tout neuf...
(Stab final.)