| Camp militaire, nuit. Arthur, Lancelot et Perceval sont dans un campement en forêt et étudient une carte. |
| Lancelot |
(À Perceval.) La seule chose dont on soit sûrs, c'est que les Pictes se trouvent là. (Montre un point sur la carte.) |
| Perceval |
Qui ça ? |
| Arthur |
Les Pictes. |
| Lancelot |
Les envahisseurs. Les guerriers pictes. |
| Perceval |
Ah. |
| Lancelot |
Mais les espions nous confirment qu'il y a aussi des Angles. Ils savent pas encore combien... |
| Perceval |
Bah quatre. |
| Arthur |
Quatre ? |
| Lancelot |
Environ une soixantaine... |
| Perceval |
(Reste silencieux.) |
| Lancelot |
Bon, alors voilà ce qu'on s'est dit. (Montre un point sur la carte.) Là c'est le camp ennemi. Et juste là c'est la frontière du pays de Galles. |
| Perceval |
Ah bah c'est pas loin de chez moi ! |
| Arthur |
Précisément. |
| Lancelot |
Le but du jeu... serait d'arriver par le pays de Galles pour empêcher les guerriers pictes de rejoindre les Angles. |
| Perceval |
Les angles de la carte. |
| Lancelot |
Les Angles de la carte ? |
| Arthur |
Il comprend rien. |
| Lancelot |
Non c'est un peuple, les Angles. C'est les ennemis ! |
| Perceval |
Ah ! Je comprenais pas. |
| Arthur |
Ça fait une heure qu'on vous parle de repousser les Angles, qu'est-ce que vous voulez que ce soit ? |
| Perceval |
Bah non mais je sais pas, c'est pour ça, je comprenais pas. |
| Arthur |
Et quand on vous dit que les Angles ils ont des catapultes, (pointe sa tête de l'index) y a rien qui frétille là-dedansArthur fait référence aux méninges de Perceval, lesquelles semblent être loin de « frétiller » ou « remuer ». En l'occurrence, il ne se passe rien dans la tête de Perceval. ? Pas de problème, c'est les angles de la carte. |
| Camp militaire, nuit. Arthur, Lancelot et Perceval sont dans un campement en forêt et étudient une carte. |
| Perceval |
Je n'arrive pas à comprendre par où ils arrivent, les Pictes ! |
| Lancelot |
(Hors de lui.) Mais ils arrivent pas, les Pictes, ils sont déjà en place ! |
| Arthur |
Faites un effort, c'est pas vrai, ça fait une heure qu'on vous explique... |
| Perceval |
Désolé, je comprends rien aux cartes. |
| Arthur |
Mais vous comprenez rien à rien. |
| Lancelot |
C'est pas compliqué, ils attaquent en descendant, comme ça ! |
| Perceval |
Mais on va se faire tuer, ils sont beaucoup trop nombreux ! |
| Lancelot |
(Agacé.) Qu'est-ce que vous en savez ? |
| Perceval |
(Montre la carte.) Les Pictes, c'est les trucs verts, là ? |
| Arthur |
Mais non, mais c'est les arbres, ça ! |
| Perceval |
Ah bon... |
| Arthur |
Ah non mais c'est surnaturel à la fin ! |
| Perceval |
Mais alors ils sont où, les Pictes ? |
| Lancelot |
À côté de la frontière ! |
| Perceval |
Non mais sur la carte... |
| Arthur |
Mais ils y sont pas, sur la carte ! Il faut se les imaginer, bon Dieu, vous croyez pas qu'on va dessiner des petits bonshommes à chaque fois que les mecs changent de coin ! |
| Perceval |
De toute façon je comprends rien aux cartes ! Moi il faut que je sois sur place pour me rendre compte ! |
| Arthur |
Bon, nous on s'occupe de vous tailler une brèche jusqu'en pays gallois, la seule chose qu'on vous demande, c'est de soulever quarante archers ici ! (Montre un point sur la carte.) |
| Perceval |
Soulever quarante archers ? |
| Lancelot |
C'est trop ? Bah trente, alors... |
| Perceval |
Non mais c'est pas le problème, mais pourquoi voulez-vous que je les soulève ? |
| Lancelot |
Non mais je rêve... vous savez pas ce que ça veut dire, « soulever des troupes » ? |
| Perceval |
« Soulever des troupes » ? |
| Arthur |
Attendez, on parle de plans d'attaque quatre fois par semaine, vous m'avez jamais entendu dire « soulever des troupes » ? |
| Perceval |
Ah bah si tout le temps, mais je croyais que c'était une expression ! |
| Arthur |
Mais une expression de quoi ? |
| Perceval |
Bah je sais pas, pour donner du courage ! Comme quand vous dites « battez en retraite » ! |
| Lancelot |
(Regarde Perceval, bouche bée.) |
| Camp militaire, nuit. Arthur, Lancelot et Perceval sont dans un campement en forêt et étudient une carte couverte de glands et de brindilles. |
| Perceval |
Donc si je comprends bien, les Pictes veulent rejoindre les Angles par le nord, avant d'attaquer. |
| Arthur |
Voilà. |
| Lancelot |
(Soulagé.) Voilà ! |
| Perceval |
Et les Angles, c'est pas les angles de la carte. |
| Arthur |
Voilà. |
| Lancelot |
Voilà ! |
| Perceval |
Et vous voulez que je réunisse des archers ici (montre un point sur la carte), mais j'ai pas besoin de les soulever. |
| Arthur |
Voilà. |
| Lancelot |
Voilà ! Ah bah dis donc hein... |
| Perceval |
Ça va mieux avec les glands, on se rend mieux compte. |
| Arthur |
Et si jamais vous m'entendez gueuler de « battre en retraite » ? |
| Perceval |
C'est pas pour nous donner du courage, c'est pour que je donne l'ordre de se barrerse barrer (v.) Partir, s'en aller
En savoir plus vite fait. |
| Lancelot |
Et dans ce cas précis, le point de retraite, c'est ? |
| Perceval |
Facile ! J'ai qu'à suivre les brindilles ! Il faut traverser la rivière à gué, et se retrouver dans la clairière. |
| Lancelot |
(Rayonnant.) J'en reviens pas ! |
| Perceval |
C'est quand même bien foutu, les cartes. On devrait en utiliser à chaque fois ! |
| Arthur |
Mais... on en utilise à chaque fois. |
| Perceval |
Ouais... Ça m'étonne pas, c'est quand même un sacré gain de temps. |
| Arthur |
On met pas des glands à chaque fois, par contre. |
| Perceval |
Non mais oui, là c'est parce qu'on n'avait trouvé que des glands, mais sinon on peut mettre ce qu'on veut... |
| (Fermeture.) |
| Camp militaire, nuit. Perceval et Karadoc sont dans un campement en forêt et étudient un des tas épars de brindilles et de mousse sur une table. |
| Perceval |
Mettons que les Pictes arrivent de là (montre un point sur la table), tac ! Vous bougez votre caillou, bon là c'est de la brindille, mais c'est pour vous montrer. |
| Karadoc |
(Impressionné.) C'est balaisebalaise (adj.) Doué, fort
En savoir plus hein. |
| Perceval |
Et attention ! Si on vous parle des Angles, c'est pas des angles de la carte ! C'est des ennemis ! |
| Karadoc |
Ah ouais ? |
| Perceval |
Ça c'est un coup à passer pour un con hein. |
| Karadoc |
Merde... |
| Perceval |
Moi ça me l'a fait au début, je confondais les peuples. |
| Karadoc |
Et pour le coup de la retraite, alors on a le droit de se tirerse tirer (v.) Partir, s'en aller
En savoir plus ? C'est fou ce truc... |
| Perceval |
Non mais c'est des expressions ! C'est comme quand il dit « formation en quinconce » ! C'est pour donner de l'entrain. |
| Karadoc |
Et les glands là, c'est qui déjà ? |
| (Noir.) |
| Perceval |
Ah bah les glands, c'est nous. |
| (Stab final.) |