Arthur Et La Question

Livre I – épisode 13

Chambre d'Arthur, soir. Arthur et Guenièvre sont au lit.
Guenièvre Ah tiens, aujourd'hui j'ai fait tailler le rosier de l'arrière-cour parce qu'il en avait drôlement besoin.
Arthur (Ne réagit pas.)
Guenièvre Et vous ? Vous me racontez pas votre petite journée ?
Arthur Ah bah... faut le temps d'encaisser la vôtre, déjà ! Pas toutes les émotions d'un coup !
(Ouverture.)
Salle de la Table ronde, jour. Arthur, Bohort, Calogrenant, Galessin, Karadoc, Léodagan et le père Blaise sont réunis autour de la Table ronde.
Galessin Sire, moi je cherche juste à comprendre.
Calogrenant (À Arthur.) On réussit à mettre la main sur le voleur de bétail, il refuse de donner le nom de son complice, qu'est-ce qu'on attend ?
Arthur Qu'est-ce qu'on attend pour quoi ? Il veut toujours pas parler ?
Le père Blaise Euh toujours pas non, il dit qu'il nous emmerde...
Calogrenant En plus !
Galessin On passe pour quoi, je vous le demande.
Bohort (Interloqué.) Qu'est-ce que vous voulez qu'on y fasse ?
Calogrenant C'est pourtant pas les solutions qui manquent !
Léodagan (À Arthur.) C'est vrai que c'est curieux, cette manie de pas vouloir torturer... ça vient de quoi, ça ?
Arthur Ça vient que chez moi y a pas de torture, voilà !
Bohort Et c'est très bien comme ça.
Galessin (Sarcastique.) Oh bah oui c'est très bien, c'est moderne !
Calogrenant En attendant, le complice cavale toujours !
Léodagan Vous savez, la torture c'est pas ce que vous croyez hein... quand c'est fait par un pro, y a pas une goutte de sang.
Calogrenant Le simple fait de déballer les outils, le gars il craque.
Arthur Et si il craque pas ?
Calogrenant (Mal à l'aise.)
Léodagan Alors là... c'est la boucherie, quoi.
Salle de la Table ronde, jour. Arthur, Bohort et Léodagan sont à la Table ronde et discutent avec Venec, qui leur expose un appareil de torture.
Venec (Désignant l'appareil.) Vous mettez le pied de votre gars là-dedans. Vous fermez bien (il ferme l'appareil), et vous tournez la vis (il tourne la vis) jusqu'à ce que vous entendiez le bruit de l'os.
Bohort (Mal à l'aise.) J'ai chaud... je me sens pas très bien.
Léodagan (À Arthur.) Bon ça c'est du classique hein, on en trouve à peu près partout de ça.
Venec (Repousse l'appareil.) Bon, celui-là c'est le modèle adulte, mais on a toutes les tailles hein.
Arthur (Dégoûté.) Mais qui c'est qui invente ces trucs ? (À Venec.) Vous les connaissez, les mecs, vous ?
Venec (Hausse les épaules.)
Léodagan Ça ça a toujours plus ou moins existé...
Venec De temps en temps on tombe sur un farfelu qui croit qu'il a inventé l'eau chaude... mais le plus souvent, c'est une adaptation d'un modèle existant. (Sort un appareil de torture muni d'une grosse pointe et le pose sur la table.) Ça par exemple, c'est simple. Pour rester sur le thème du pied, (place sa main au-dessus de la pointe) vous dites à votre gars de bien marcher au milieu de la pointe, et tac ! (Sort un maillet.) Un coup ferme sur le dessus.
Léodagan (À Arthur, désignant l'appareil.) Pas mal, ça.
Bohort C'est horrible, cette chaleur... je suis en sudation...
Léodagan Et l'autre, là... vous avez la trappe en dessous pour mettre les braises, ou pas ?
Venec (Complice.) Non, celui-là c'est le modèle au-dessus, il est un poil« un poil » (loc.) Un peu
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plus cher.
Léodagan Ah ouais...
Arthur Mais attendez, le mec qui est en train de se faire broyer le pied, qu'est-ce que ça peut bien lui foutre qu'on lui cramecramer (v.) Brûler
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, en plus ?
Léodagan Non mais c'est pour la mise en scène, un peu...
Venec Ah tout ce qui est feu, ça impressionne bien !
Bohort J'ai l'impression que je fais des palpitations...
Léodagan (Impatient.) Mais sinon, vous avez rien de plus festif, là ?
Venec Si vous aimez, (sort une grosse tenaille) j'ai ça. C'est pour arracher les noixnoix (n.f.) Testicule
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.
Bohort Les noix... les fruits ?
Venec Ah non. Les noix... les noixnoix (n.f.) Testicule
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.
Salle de la Table ronde, jour. Arthur, Bohort et Léodagan sont à la Table ronde et discutent avec Venec, qui leur expose un autre appareil de torture encore.
Venec (Saisit l'appareil.) Ça, ça fait partie de ce que j'appelle la « gamme de voyage ». Vous êtes en déplacement, vous avez pas envie de vous encombrer avec du bardabarda (n.m.) Attirail ou équipement encombrant
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, (désigne l'appareil) vous avez ça.
Léodagan Et ça c'est pour... ?
Venec Alors là vous sectionnez le doigt au niveau de la première phalange.
Arthur (Sans grande conviction.) Ouais, c'est déjà moins vicelardvicelard (adj.) Vicieux, cruel
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, ça...
Bohort (Nauséeux.) Moins vicelardvicelard (adj.) Vicieux, cruel
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...
Arthur Enfin je veux dire, comparé au reste, quoi.
Venec C'est du progressif ! Vous coupez une phalange, vous en coupez une deuxième, si le gars cause toujours pas vous revenez sur le premier doigt, vous bouffezbouffer (v.) Couper, sectionner
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une phalange en plus... non mais de toute façon, y a un fascicule livré avec, c'est tout expliqué.
Léodagan (À Arthur.) Ça on peut toujours en prendre quatre ou cinq euh... ça sera jamais perdu ça, hein ?
Venec Voilà, je crois qu'on a fait le tour... (Sort une gigantesque pince coupante.) Bah, sinon... y a ça aussi... c'est le bel outil.
Arthur (Suspicieux.) Et qu'est-ce qu'on coupe, avec ça ?
Venec Ah ce qu'on veut. Mais enfin euh... (Actionne la pince.) C'est plutôt pour tout ce qui est génital.
(Arthur et Léodagan observent la pince, sans parler.)
Bohort Ça vous ennuie si je vomis ?
(Fermeture.)
Chambre d'Arthur, soir. Arthur et Guenièvre sont au lit. Arthur tient une aiguille ainsi qu'une cage oblongue contenant un rat empaillé.
Arthur (Désignant l’extrémité la plus étroite de la cage.) Vous mettez ce bout-là dans un orifice.
Guenièvre (Horrifiée.) Un orifice ?
Arthur Oui, c'est au choix. Bon c'est vrai que classiquement, c'est plutôt le... bref. (Insère l'aiguille dans l'arrière de la cage.) Vous prenez l'aiguille, et vous piquez le cul du rat. Bon, là c'est un rat empaillé, mais c'est pour vous montrer. Le rat... rentre dans l'orifice, et il bouffe tout.
Guenièvre (Grimace et gémit.)
Arthur (Sourit d'un air carnassier.) Hein ? Oui. Oui oui, ça... hein ? (Tressaille.)
(Noir.)
Arthur Vous avez raison, c'est plus sympa quand on se raconte nos journées.
(Stab final.)